GUERRE EN UKRAINE: Le récit de la nuit durant laquelle la Russie a commencé son invasion militaire

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Vladimir Poutine a lancé cette nuit une « opération militaire spéciale » visant à « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine.Quelques minutes plus tard, des bombardements ont commencé dans plusieurs villes, y compris Kiev, Odessa et même Lviv, située à 50 kilomètres de la Pologne.

C’est le scénario qui était redouté depuis plusieurs semaines. Très tôt ce matin, la Russie a lancé une attaque massive et rapide contre l’Ukraine, bombardant plusieurs grandes villes. Vladimir Poutine a décidé de lancer « une opération militaire », lançant ses chars vers Kiev depuis plusieurs frontières. Dans une nuit très agitée, de nombreux Ukrainiens n’ont pas trouvé le sommeil.

Alors que de nouvelles cyberattaques visaient des sites du gouvernement ukrainien, plusieurs aéroports étaient fermés, de même que l’ensemble de l’espace aérien du pays. Les leaders séparatistes demandant à Moscou une aide militaire pour « aider à repousser l’agression des forces armées ukrainiennes », le Conseil de sécurité de l’ONU, ironiquement présidé par la Russie ce mois-ci, s’est réuni en urgence à 3h30.Dans une déclaration qui fera date, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres demande, les yeux fixés vers la caméra, à Vladimir Poutine : « dites à vos troupes de ne pas attaquer l’Ukraine. Donnez une chance à la paix.

Trop de personnes ont déjà été tuées. » Mais il était déjà trop tard. Presque au même moment, peu avant 6 heures à Moscou, Vladimir Poutine lance en direct à la télévision qu’il a « pris la décision d’une opération militaire spéciale ». Dans sa déclaration, où il n’emploie pas le mot de guerre, Vladimir Poutine explique que l’objectif est de « démilitariser » l’ Ukraine, mais aussi de la « dénazifier », voulant « mettre à genou » le régime ukrainien.4 heures : Bombardements et condamnations.La déclaration de Vladimir Poutine à peine terminée, les premières bombes tombent sur l’Ukraine. Et pas seulement dans l’est du pays. Kiev, Odessa, Kharkiv, Dnipro… Toujours à l’Onu, Antonio Guterres reprend la parole, visiblement ému. « C’est le moment le plus triste de mon mandat de secrétaire général des Nations unies », regrette-t-il. « Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie !

Ce conflit doit s’arrêter maintenant », implore-t-il.5 heures : Les troupes russes franchissent la frontière. Conformément au plan que les Occidentaux avaient anticipé, les premiers soldats russes posent le pied sur le territoire ukrainien peu après l’effroi provoqué par les bombardements, avant même que la nuit et le brouillard ne soient dissipés. Un débarquement a lieu à Odessa, au sud du pays, et des chars russes franchissent la frontière près de Kharkiv, dans le nord-est.

Des éléments vidéos indiquent également qu’une colonne de char a passé la frontière entre la Biélorussie, où des opérations militaires se déroulaient depuis plusieurs semaines, et l’Ukraine, à 150 kilomètres seulement de Kiev.La capitale ukrainienne est également touchée par des missiles balistiques. A l’heure actuelle, il s’agit de frappes ciblées, visant des gardes-frontières et des infrastructures militaires, et non de bombardements massifs. Un dépôt de munitions aurait ainsi été détruit à Kharkiv.

L’Onu confirme le dépôt d’un projet de résolution visant à condamner la Russie, qui sera voté vendredi. Une éternité.6 heures : Loi martiale et réactions occidentales.Sur Instagram, le président ukrainien indique à la population qu’il vient de demander la déclaration de la loi martiale. « Pas de panique, nous allons vaincre », tente-t-il de rassurer. Les sirènes anti-bombardement ne se taisent pas à Kiev, où la population reste calme malgré l’incertitude. Rester à l’abri ? C’est prendre le risque de s’exposer à une aggravation du conflit. Partir vers la Pologne, à huit heures de routes de là ? C’est aussi prendre un risque, celui de croiser les chars russes sur le chemin.L’Occident se réveille, et Joe Biden annonce immédiatement de « sévères sanctions » à venir contre Moscou.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, Olaf Scholz, chancelier allemand, et Boris Johnson, Premier ministre britannique, dénoncent à leur tour le choix d’une « effusion de sang », d’une « violation éclatante » du droit international dont le Kremlin doit être tenu pour « responsable ». L’Otan annonce une réunion d’urgence, alors que les bourses russes suspendent leurs échanges.7 heures : L’ouest de l’Ukraine touché, l’armée russe avance.

Les bombardements s’intensifient sur l’ensemble de l’Ukraine. L’aéroport de Kiev est touché par un missile balistique peu avant 7 heures, tandis que des bombardements sont signalés à Lviv, située à seulement cinquante kilomètres de la Pologne, et à Lutsk. L’armée ukrainienne annonce peu après avoir abattu cinq avions et un hélicoptère russes dans l’est du pays. Le président Zelensky appelle les Occidentaux à construire une « coalition anti-Poutine » pour « contraindre la Russie à la paix ».

Mais cela n’empêche pas la Russie d’avancer, et d’occuper les premiers villages dans la région de Lougansk. L’armée russe annonce aussi avoir mis « hors-service » les bases aériennes ukrainiennes. « Les installations de défense anti-aérienne des forces armées ukrainiennes ont été détruites », ajoute le ministère russe de la Défense.8 heures : Premiers morts et conséquences économiques.Les déclarations pleuvent, notamment avec les candidats à l’élection présidentielle en France.

Jean-Luc Mélenchon appelle à refuser une « escalade insupportable » et croit encore en la diplomatie pour obtenir un « cessez-le-feu immédiat », notamment au travers d’une délibération d’urgence à l’Onu. En Ukraine, après les bombardements, la guerre prend un visage humain. Les gardes-frontières font état d’attaques avec « usage d’artillerie, d’équipements lourds et d’armes légères », mais aussi de sabotages, avant de déclarer leur premier mort. Les autorités annoncent également qu’une personne est morte, et une autre blessée, suite aux bombardements dans la région de Kiev

. Après une courte suspension des échanges, la Bourse de Moscou s’est effondrée de près de 14 % devant les annonces de nouvelles sanctions à venir, et le rouble a chuté de 9 % par rapport au dollar. La Banque centrale russe a ainsi décidé d’intervenir pour « stabiliser la situation ». En France, Emmanuel Macron a convoqué un conseil de défense pour 9 heures.Avec Afp

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