6 mois dont 3 ferme ! C’est la peine qu’encourt le vendeur de fruit Youssoupha Diallo. Il comparaissait à la barre des flagrants délits de Dakar pour répondre des faits de détournement de mineure et de corruption de mineure sur une jeune fille de 16 ans.
L’attitude de la mineure K. Coulibaly à l’égard de son beau-père et tuteur a intrigué plus d’un ce mercredi, à la salle 1 du palais de justice de Dakar qui abrite le tribunal des flagrants délits Dakar. L’affaire de détournement de mineur et de corruption de mineure dont la jeune fille est victime qui s’est soldée par une grossesse ne semble pas l’inquiéter. En effet, cette dernière a pris la défense de son petit ami et prévenu dans cette affaire, Youssoupha Diallo au détriment de son tuteur qui a traduit celui-ci à la barre de cette juridiction.
La seule phrase que la jeune fille de 16 ans a osé sortir pour justifier sa position est «je t’aime». Enceinte de deux mois, la gamine pour tirer d’affaire son amoureux dit avoir induit ce dernier en erreur sur son âge. «C’est moi qui lui ai dit que j’ai 18 ans. Mes parents veulent me marier de force avec un de mes cousins alors que c’est lui (désignant du doigt son petit ami) que j’aime. Mes parents ignoraient que je me rendais chez lui». «Essaies-tu de le protéger ? », lui a demandé la juge avant que K. Coulibaly ne rétorque par la négative.
Surpris par la grossesse de la jeune fille, son beau-père qui ne sait pas à quel saint se vouer décide d’ester en justice. «C’est sa mère qui m’a dit qu’elle n’a pas vu ses règles pour que je la conduise à l’hôpital. Une fois là-bas, la sage-femme m’a dit qu’elle est enceinte. Quand je lui ai demandé l’auteur de sa grossesse, elle a désigné le vendeur de fruits qui l’a vu grandir. Avant même qu’on n’essaie de trouver des solutions, il l’a amenée en Casamance pour la cacher. Ce n’est qu’au bout de quelques temps qu’il l’a ramené», s’est plaint le beau-père de la gamine qui dit n’avoir jamais eu l’intention de la marier de force.
Entendu, Youssouph reconnaît avoir une relation idyllique avec la jeune fille. «Je la connais depuis 8 ans maintenant. Mais, on a commencé à sortir en 2021. J’ignorais qu’elle est mineure. En plus elle m’a dit qu’elle a 18 ans», a-t-il soutenu. Il avoue avoir entretenu à quatre reprises de rapports sexuels avec la mineure chez lui. Ce, après avoir été mis devant le fait accompli par la juge, car, il avait au préalable contesté tout rapport sexuel avec la fille. S’agissant de la corruption de mineure qui lui est reproché, il soutient qu’il lui arrivait de donner des cadeaux à sa dulcinée sans rien attendre en retour.
Des allégations que l’avocat de la partie civile refuse d’admettre. «J’ai vu à la barre un prévenu qui ne regrette même pas ce qu’il a fait. Le consentement d’un enfant mineur n’a pas de valeur juridique. Le prévenu a côtoyé cette fille depuis plus de 8 ans. Il a abusé de la naïveté de cette gamine qui est sous votre protection», a déploré l’avocat qui a sollicité que le comparant soit maintenu dans les liens de la détention. Il a réclamé la somme de 10.000.000 de francs CFA en guise de réparation du préjudice causé.
Le maître des poursuites pour qui les faits sont suffisamment constants a requis 6 mois de prison dont 3 mois ferme. L’avocat de la défense a, quant à lui, sollicité à titre principal, la relaxe de son client et, à titre subsidiaire, de lui faire bénéficier d’une application bienveillante de la loi pénale. L’affaire est mise en délibéré pour décision être rendue le 4 janvier 2023.