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Il semble que le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Idrissa Seck va rompre les amarres avec la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar (BBY) pour se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2024. Tous les signaux d’une rupture d’avec Macky Sall sont là.
D’abord, le limogeage de Yankhoba Diatara de son poste de Vice-président du parti après sa sortie défendant une 3e candidature de l’actuel Président, ensuite, cette publication sur Facebook, où l’ancien Premier ministre demande aux Sénégalais s’ils sont prêts à l’accompagner pour aller gagner une Coupe du monde dans 4 ans. Même s’il a supprimé le post au bout d’une vingtaine de minute. Le divorce est quasiment inéluctable. Sauf retournement exceptionnel de la situation où Idy décéderait de soutenir une nouvelle candidature de Macky ou que ce dernier décide d’en faire le candidat de BBY pour 2024.
Et si le fameux deal de Paris était réel
Dans un débat télévisé en 2022, l’analyste politique, Serigne Saliou Gueye révélait l’existence d’un deal conclu entre Macky Sall et Idrissa Seck depuis la France, en présence d’un représentant du Khalife général des Mourides. Cette entente, selon le journaliste, était de faire de Idrissa Seck, le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar à la Présidentielle de 2024.
Si ledit deal tient toujours, pourquoi Idrissa Seck a-t-il limogé son numéro 2 de parti qui défend une troisième candidature de Macky Sall ? Qu’est-ce qui a pu motiver Idrissa Seck à déclarer sa candidature (de manière implicite) sur Facebook avant de supprimer sa publication ? Est-ce l’éclatement dudit deal ne serait pas la cause du point de presse avorté du président de Rewmi il y a quelques jours ? Qui d’entre Idy et Macky aurait rompu les termes du deal, si deal il y avait ? Autant de questions qui trouveront peut-être réponses dans les actes concrets posés par l’un et l’autre protagoniste.
Idy peut-il encore s’appuyer sur son électorat de 2019, s’il quitte BBY ?
La dernière élection présidentielle de 2019 avait porté le candidat Idrissa Seck à la 2e place derrière Macky Sall avec un pourcentage de 20,51% pour un nombre total de votants de 899 556 sur 4 428 680. Il serait probablement le chef de l’opposition, s’il n’était pas allé s’allier avec le Président Macky Sall et laisser un boulevard à l’étoile montante d’alors, Ousmane Sonko, qui venait juste derrière avec un pourcentage de 15% pour près de 700 000 votants.
Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. La traque et la persécution subies par le leader de Pastef a fini par attirer à ce dernier la sympathie et le soutien d’un très bonne frange de la jeunesse sénégalaise et même des personnes du 3e âge. De mars 2021 à aujourd’hui, Ousmane Sonko a gagné le titre de chef incontestable de l’opposition. D’aucuns avancent même que sa popularité a atteint un niveau inégalable dans l’histoire politique sénégalaise. Il draine des foules immenses partout où il se rend sur le territoire national.
Avec la coalition Yewwi Askan Wi, il est arrivé avec Khalifa Sall, Déthié Fall, Cheikh Tidiane Youm (PUR) et Wallu Sénégal (Pds et alliés) à faire perdre la majorité absolue à la coalition au pouvoir à l’Assemblée nationale. C’est la première fois que cela arrive dans l’histoire politiques du Sénégal qu’une coalition ou parti au pouvoir perde le contrôle de l’Hémicycle.
Alors, inutile d’être un analyste politique pour savoir que si Idy rejoint l’opposition dans les prochains jours, il sera rétrogradé loin derrière le phénomène Ousmane Sonko. D’autant plus que même sa base politique, jadis inamovible, de Thiès a été conquise par Sonko et ses alliés lors des dernières élections Locales (janvier 2022) et Législatives (juillet 2022).
Si Idrissa Seck a perdu jusqu’à sa base politique, sur quel électorat autre que celui de Benno Bokk Yakaar, compterait-il s’appuyait s’il se présente à la Présidentielle de 2024 ? Ce serait presque un pari perdu d’avance.
Idy mise-t-il sur l’élimination de Sonko de la course
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Ousmane Sonko, qui est en pôle position pour devenir le prochain président de la République, doit d’abord échapper à la Justice pour valider sa candidature. Condamné à 2 mois de prison avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts à payer pour diffamation le 30 mars dernier, dans le procès en diffamation qui l’opposait au ministre Mame Mbaye Niang, le leader de Pastef qui n’a pas perdu ses droits civiques, doit encore se rendre à la Cour d’Appel pour empêcher le procureur de la République et Mame Mbaye Niang de corser l’addition. Ce qui pourrait l’empêcher d’être sur la ligne de départ en 2024.
En dehors de ce procès en diffamation, un autre dossier l’attend au Temple de Thémis. C’est celui de viol et menaces de mort qui l’oppose à la masseuse Adji Sarr. Et même si la date n’a pas encore été fixée, ce procès reste une menace pour le candidat Sonko.
Idrissa Seck compte peut sur une élimination de Sonko de la course à la Présidentielle pour se repositionner. D’autant plus que Khalifa Sall et Karim Wade qui pourraient être des alternatives pour les électeurs sénégalais, en cas de forfait du leader de Pastef, n’ont toujours pas pu bénéficier de l’Amnistie annoncée par le chef de l’Etat depuis des mois et qui tarde à se matérialiser.
En résumé, Idrissa Seck compte bien se présenter à la Présidentielle de 2024, mais il y a un dernier élément qui l’empêche pour le moment d’officialiser sa candidature. Depuis quelques semaines, il jongle entre nuances, discours énigmatiques sur le 3e mandat et menace voilée de départ de la coalition au pouvoir. Pendant ce temps, les Sénégalais se tournent de plus en plus vers le chef de l’opposition qui tient tête au Président Macky Sall avec des discours acerbes et antagonistes. Si Idrissa Seck veut avoir une « dernière »carte à abattre pour 2024, le temps lui est compté. Nous sommes à 327 jours du scrutin présidentiel du 25 février 2024. Tic Tac…