Le nombre de travailleurs migrants au sein de la population active a triplé dans le monde au cours de la dernière décennie, a annoncé l’Organisation internationale pour les migrations soulignant que les transferts de fonds envoyés dans les pays en développement dépassent l’aide étrangère.Selon ce nouveau rapport du Centre mondial d’analyse des données sur la migration (Gmdac) de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), le rôle des migrants dans la main-d’œuvre et le développement mondial est de plus en plus « vital ». L’agence estime que les migrants représentent aujourd’hui 5 % de la main-d’œuvre mondiale, contre moins de 2 % en 2010. «Ce rapport rappelle clairement le rôle que jouent les migrants dans le développement de leurs communautés à travers le monde », a déclaré Frank Laczko, directeur du centre mondial de l’Oim.Dans le monde, les travailleurs migrants sont près de 170 millions, selon les dernières estimations de l’Organisation internationale du travail (Oit), soit plus de trois fois plus que les 53 millions de travailleurs étrangers en 2010. Contrairement au nombre total de tous les migrants, qui est resté relativement stable par rapport à la population mondiale, les travailleurs nés à l’étranger jouent un rôle croissant dans la population active.Plus de six migrants sur 10 vivent et travaillent en Europe (24 %), en Amérique du Nord (22 %) et dans les pays arabes (14 %). Dans les Etats arabes, plus de 41 % de la main-d’œuvre totale étaient des migrants, ce qui en fait la région où la proportion de travailleurs migrants est la plus élevée. « Mais alors que l’économie mondiale continue de s’appuyer fortement sur les travailleurs migrants, les gens continuent de faire face à des risques terribles lorsqu’ils ne peuvent pas accéder à des voies légales dans leur recherche de meilleures opportunités », a toutefois dit M. Laczko.« Les défis auxquels sont confrontés quotidiennement les personnes en déplacement, en particulier les plus vulnérables, comme les victimes de la traite, les femmes et les filles, sont nombreux et stupéfiants. « Ce rapport met en lumière, parmi de nombreux éléments, les contributions inestimables des migrants dans nos communautés et nos économies, et la nécessité d’une action concrète pour accroître les voies légales et les mesures de protection afin de saper les réseaux de passeurs et de trafiquants », a affirmé de son côté, Ugochi Daniels, directrice générale adjointe des opérations de l’Oim.Le rapport met d’ailleurs en évidence la demande croissante de main-d’œuvre immigrée, comme en témoignent les nombreux migrants occupant des postes considérés comme « essentiels » pendant la pandémie de Covid-19. Selon des données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), les médecins étrangers représentent le tiers du total au Royaume-Uni. La dépendance à l’égard des professionnels de santé étrangers est similaire dans d’autres pays à revenu élevé, notamment les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie.L’Inde figure au top des cinq premiers pays bénéficiaires des envois de fonds. Par ailleurs, le rapport mondial sur les migrations montre « le rôle clé de plus en plus important » joué par les travailleurs migrants dans le développement de nombreux pays en développement. Selon l’Oim, au moins 540 milliards de dollars ont été envoyés par les migrants vers les pays en développement en 2020. Bien que l’argent envoyé par les migrants ait diminué en raison de la pandémie du nouveau coronavirus, ces flux sont restés supérieurs aux investissements directs étrangers et l’aide au développement à l’étranger, selon les estimations de la Banque mondiale. En 2020, avec 83 milliards, l’Inde figure au sommet des cinq premiers pays bénéficiaires des envois de fonds dans le monde. New Dehli est d’ailleurs le plus grand bénéficiaire des transferts de fonds depuis 2008. Suivent la Chine (60 milliards), le Mexique (43 milliards), les Philippines (35 milliards) et l’Égypte (30 milliards). Dans certains pays – dont le Salvador, le Liban, le Kirghizistan, le Tadjikistan et Tonga – ces envois de fonds représentaient plus de 25 % du produit intérieur brut (Pib) total en 2020.Selon l’Oim, le nombre de personnes vivant en dehors de leur pays de naissance ou de citoyenneté a atteint 281 millions en 2020, contre 173 millions en 2000 et 221 millions en 2010. Le nombre de migrants internationaux ayant augmenté plus rapidement que la population mondiale, la part des migrants internationaux au sein de la population totale est passée de 2,8% en 2000 à 3,2% en 2010 et à 3,6% en 2020.