Lamine Mboup : «Aliou Cissé ne doit pas être l’agneau du sacrifice »

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L’élimination surprise du Sénégal par la Côte d’Ivoire en 8èmes de finale de la CAN 2023 risque de faire couler beaucoup d’encre et de salive. L’ancien attaquant international sénégalais, Lamine Mboup, devenu consultant sportif, analyse cet échec.

« Ce que les Ivoiriens nous ont montré »

«Dans un tel match, il faut être lucide devant les buts. Quand on a des occasions pour tuer le match, il faut le faire. Le Sénégal a failli dans ce qui était sa lucidité devant les buts. Si Sadio Mané avait marqué ce but, on aurait eu 2-0 et personne n’aurait rien trouvé à dire. Si Ismaïla Sarr avait marqué sur cette passe de Sadio, on aurait eu 2-0 en première mi-temps. Si Ismaïla Sarr avait délibérément donné le ballon à Nicolas Jackson sur ce rush, Jackson aurait la latitude d’aller marquer tout seul. Donc, il y a des fautes qui ont été commises individuellement par les joueurs par rapport à des situations de jeu. Tout ça, on laisse tomber, pensant que la Côte a dominé le Sénégal ou que l’entraîneur a mal géré. Je dis non ! Il faudrait que les gens comprennent aussi qu’autant le Sénégal a la possibilité de faire basculer un match, autant les autres équipes ont cette possibilité. Il n’y a pas qu’au Sénégal qu’il y a de bons joueurs. Les Ivoiriens nous l’ont montré. Il n’y a pas que le Sénégal qui a une bonne équipe».

«Il n’y a pas eu d’erreur de coaching»

«Si nos adversaires viennent avec leur façon de jouer et que nos joueurs se laissent dominer par ces adversaires, ce n’est pas la faute de l’entraîneur. Il n’y a pas d’erreur de coaching, parce qu’on n’a pas pris un but sur un fait de jeu. On a pris un but sur penalty. Défensivement, on était bien. Le Sénégal a su gérer sa zone défensive et la Côte d’Ivoire n’a pas réussi à marquer dans le jeu. Le Sénégal a géré sa zone offensive et marqué un but à la Côte d’Ivoire. Si j’étais l’entraîneur, j’allais dire que c’est Ismail Jacobs qui m’a amené ce problème. Le ballon quitte le côté droit, il devait en tant que défenseur interpréter. Il était dernier couvreur quand le ballon est arrivé à droite. Dans cette passe en profondeur, c’est lui qui devait être au marquage de Pepe. Où était-il alors qu’on était dans une phase défensive ? La défense a failli par la personne de Jacobs. Mais avant cela, il y a eu des préalables. Où était Ismaïla Sarr ? Et pourtant, le coach a sûrement signifié à chacun le rôle défensif qu’il a à faire».

«J’ai noté une faillite mentale»

«J’ai noté une faillite mentale et déjà je pense que ce qui a le plus gêné Sadio Mané, c’était la peur d’écoper d’un autre carton. Mentalement, on a aussi vu que la Côte d’Ivoire a présenté la condition physique comme arme de bataille. Les Ivoiriens ont amené de la force au milieu de terrain et cela a joué. En un moment donné du match, j’aurais mis trois milieux défensifs et même faire sortir un attaquant. Ce qu’Aliou Cissé a fait, c’est ça philosophie à lui. Il faudrait dès fois que l’entraîneur soit aidé par ceux qui sont sur son banc. Un jouer qui a le ballon, ce sont ses partenaires qui doivent l’aider à s’en débarrasser avec leurs capacités et leur intelligence. Un entraîneur aussi sur le banc, c’est son staff qui doit l’aider par rapport à des situations de jeu. C’est ce qu’Aliou Cissé n’a pas eu cette fois-ci».

«Aliou Cissé ne doit pas être l’agneau du sacrifice»

«Quand un perd un match, surtout un match que tout le monde pensait qu’on allait gagner, tout le monde commence à faire des critiques, à dire celui-là est vieux, celui-là n’a pas sa place, etc. Alors qu’avant le match, tout le monde disait que le Sénégal va mettre 5-0 à la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, ce n’est pas à eux de dire à Aliou Cissé de partir. Il appartient à ses employeurs de voir s’il a fait ce qu’ils attendaient de lui ou pas. C’est à Aliou de voir aussi est-ce qu’il peut continuer ou pas. Vous aurez amené tout autre entraîneur, s’il n’y a pas dans le terrain des joueurs capables de rivaliser avec leurs adversaires, vous ne gagnerez rien. Ce match perdu ne doit rien changer à l’équipe nationale du Sénégal. C’est comme qui dirait tous les joueurs doivent être changés. Il faudrait réfléchir. Si on dit à Aliou Cissé de partir, il faut aussi changer les joueurs, changer le staff, changer la fédération, changer tout le monde ! Parce que tout le monde est dedans. Aliou ne doit pas être l’agneau du sacrifice. Il nous a amené un trophée. Il a fait un sans-faute avec neuf (9) points en phase de poules. Si on doit sacrifier, on sacrifie tout le monde : fédération, joueurs, en disant à tout le monde : sortez parce que vous avez tous perdu».

«C’est le VAR qui est fautif si on veut dire»

«Il n’y a rien à se dire par rapport à cet arbitre (le Gabonais Pierre Ghislain Atcho très décrié), parce que si on était malencontreusement réduit à dix (10), on perdait le match. Sur l’action de Sadio où il lève son pied, si l’arbitre était allé au VAR, ça allait être un carton rouge direct. Sadio a perdu l’équilibre, glissé et violenté l’adversaire. L’arbitre a compris qu’il ne l’a pas fait sciemment. C’est pourquoi il a laissé jouer. Si le VAR avait appelé l’arbitre, ç’aurait été un rouge direct pour Sadio et on serait réduit à dix (10) et ç’aurait été pire. Le penalty d’Ismaïla Sarr ? L’arbitre n’est pas allé au VAR, parce que dans sa tête, le joueur n’a pas été touché et le VAR ne l’a pas appelé. Sur le penalty de Pepe, c’est le VAR qui a appelé l’arbitre. Donc, c’est le VAR qui est fautif si on peut dire, mais pas l’arbitre. Tout le monde sait que si le VAR appelle l’arbitre à un moment donné, c’est parce qu’il y a un litige à vérifier. L’arbitre a fait une bonne prestation. On a raté des occasions de but. Si on les avait marquées, tout le monde serait en fête. On ne serait pas là à parler d’échec. Le Sénégal s’est fait éliminer tout seul. Ce n’est pas la Côte d’Ivoire qui nous a éliminés. C’est nous-mêmes qui nous sommes éliminés en ratant nos occasions de but. Pourquoi ne dirait-on pas que ce sont les attaquants qui nous ont tués ?»

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