Après son entrée dans l’arène par le canal de la structure Beuz Pro et expérimenté en mars 2018 par le promoteur Luc Nicolaï, le pay-per-view (paiement à la séance) est devenu le sauveur des promoteurs et de la lutte.
Est-ce que le pay-per-view est utile pour la lutte ? Cette question, des acteurs de la lutte ne cessent de se la poser sans qu’ils n’en obtiennent réellement la bonne réponse. Même si le PPV a de petits inconvénients, il est plus utile pour la lutte qu’on ne pourrait l’imaginer.
La lutte a connu un boom aussi soudain qu’imprévisible, lors des saisons 2006-2007, 2008-2009 jusqu’en 2011-2012. Mais ce qui avait fait le succès de la lutte, en ces temps-là, c’était surtout le sponsoring tiré des sociétés de téléphonie mobile (Orange, Tigo, Expresso). À l’époque, le promoteur Gaston Mbengue et Luc Nicolaï empochaient chacun plus ou moins 500 millions FCFA de sponsoring dans une seule saison.
Ancien membre de l’association des supporters de Fass, Ibrahima Faye est un grand amoureux de la lutte. Après le baccalauréat, il s’était envolé pour le Canada où il a fait des études supérieures en informatique. Piqué par le virus de la lutte, il est rentré au bercail avec la tête pleine de projets, mais tous orientés quasiment vers la lutte. Le premier projet qu’il a pondu, c’est la télévision Lutte TV. Dans le domaine, il demeure le number one !
Ce même Ibrahima Faye, fils d’un ancien inspecteur des Impôts, habitant à la Zone A (Dakar), ne dormait plus normalement à cause d’un autre projet qui perturbait son sommeil au point qu’il en était littéralement malade : le pay-per-view. Mais le jeune boss de Lutte TV n’était pas resté les bras ballants. Chemin faisant, Ibou rencontre le promoteur Luc Nicolaï, lui vend le projet, obtient son accord et fait des gambades. Depuis ce jour, Ibrahima commençait à retrouver le sommeil nécessaire. Pour expérimenter le pay-per-view, qui n’était quasiment pas connu du grand public au Sénégal, il fallait un programme solide. Sur un clic, ce programme était tombé : le choc Balla Gaye 2 / Gris Bordeaux venait d’être concrétisé pour le 31 mars 2018. Dans un hôtel de la place, juste après le montage de ce choc de rêve, Luc Nicolaï conviait la presse à une conférence de presse, où il avait présenté Beuz Pro et annonçait la bonne nouvelle. Mais là, on était nombreux à jurer silencieusement que le Golden Boy de l’arène rêvait debout. Un rêve devenu réalité. C’était incroyable !
Pay-per-view, la recette miracle des promoteurs
«Lors de ce combat Balla Gaye 2 / Gris Bordeaux, Beuz Pro a permis au promoteur Luc Nicolaï de s’en sortir sans s’endetter. Il avait empoché près de 100 millions FCFA en PPV, en plus des recettes de la billetterie, car le stade Léopold Sédar Senghor, qui avait accueilli l’évènement, était plein comme un œuf», nous confie un membre de Beuz Pro.
Le gain tiré de ce premier projet fait vite le tour des promoteurs et chacun rêvait de travailler avec Beuz Pro. Après Luc, c’était Gaston Mbengue de se lancer dans le projet, lors du combat Balla Gaye 2 / Modou Lô en janvier 2019. Le Don King des arènes avait eu la même réussite, de source sûre. Plus personne ne fait les montages financiers de ses évènements sans y intégrer notamment les recettes du PPV. Pour preuve, de 2018 à 2022, il est rare de voir un promoteur organiser un évènement de lutte sans le pay-per-view. «On reconnaît que le PPV nous aide beaucoup à rentabiliser nos investissements face à la rareté des sponsors. C’est la raison pour laquelle nous collaborons avec Beuz Pro», nous confiait un promoteur dans une discussion privée.
Beuz Pro est une jeune structure, mais qui se singularise par sa sincérité dans les affaires. «Notre chance, c’est que nous aimons la lutte et nous réfléchissons sur tout ce qui peut aider la lutte à mieux se développer. Nous ne cherchons forcément pas du gain, mais la réussite technique du pay-per-view et la réussite financière du promoteur», nous confiait M. Seck, membre influent de Beuz Pro, établi en France où il travaille dans la Fonction publique.
Aujourd’hui, c’est le pay-per-view qui sauve les promoteurs. Même s’il y a des choses à améliorer dans ses aspects techniques, il faut vraiment reconnaître que les promoteurs montent aujourd’hui de façon hardie des combats de lutte, tout en étant rassurés auparavant de pouvoir bénéficier des recettes du PPV pour se tirer d’affaire.