Pour construire son futur, il faut dans l’instant présent revenir vers le passé pour trouver notre sentiment d’appartenance à cette Afrique que nous disons vouloir debout et digne. Pour la rendre digne, fière de lever sa tête bien haute, ne pouvant laver l’affront subi par des siècles d’esclavage et de colonisation, il faut l’emmener à vaincre l’ignorance et la lâcheté de célébrer ses bourreaux au lieu de ses héros.
Attitude du retardé cérébral, inapte à comprendre les enjeux.Pour décoloniser et décomplexer les mentalités, il faut réapprendre à l’Africain que ses ancêtres ont également résisté face à l’oppression. En vrai, c’est une leçon d’histoire que nous enseigne le Maire de Ziguinchor et ses conseillers, en nous révélant la bataille de Seleki. « La Rue Seleki 1886 » voit le jour en remplacement de la « Rue du Lieutenant Truch ». On nous rappelle ainsi la bravoure des fils de ce pays qui ont refusé d’être brisés par l’envahisseur. Un sentiment de fierté pour un grand nombre de gens de mettre à terre les faux héros.
La sauvegarde de notre patrimoine mémoriel par la dénomination de rues dont les parrains ne nous rendent nullement glorieux historiquement est à saluer. Sans rancune aucune, nous n’oublierons jamais « Thiaroye 44 » qui remplace Rue Lieutenant Lemoine. Elle nous rappelle que nous devons être sur les remparts et marcher tristement mais fièrement. Et la seule manière de commémorer nos ancêtres qui ont payé le prix du sang, c’est de les ressusciter à la mémoire des vivants.
Un peuple pour s’élever a fortement besoin de se reconnaître dans les siens d’abord et de forger son ouverture aux autres. En témoigne « La Rue de la Paix » en remplacement à l’homme sanguinaire de la guerre, le Général De Gaulle.Ainsi, « l’Union africaine » en remplacement de « la Rue de France » déconstruit l’idée d’une quelconque supériorité du colon d’hier sur le peuple souverain, s’il est bien établi qu’il nous faut regarder l’avenir en égaux et que nous sommes indépendants depuis 1960. De plus, la cartographie du monde démontre que le Sénégal se situe en Afrique.
Ce vent du changement doit souffler partout dans le continent noir. La masse le comprend si bien, mais il lui manque le leader politique engagé qui a le courage de commencer ce chantier de restauration de notre mémoire. Si nous avions hier LUMUMBA, SANKARA, nous avons aujourd’hui également SONKO. L’Afrique se rappelle ses héros ! Car il est préférable de vivre un jour comme un lion que de vivre cent ans comme un mouton, pour paraphraser le capitaine burkinabé. Alors, notons que le réveil et le sursaut patriotique sont plus que jamais parlants dans les cœurs. Chaque peuple a son histoire, ses héros, sa mémoire et ses idoles à magnifier. Et n’oubliez pas « On n’idolâtre ni ne vénère ses bourreaux et les bourreaux des nôtres » C’est là que commencent le respect, l’estime de soi et l’amour de sa patrie.
Aminata Sarr Malick