Cheikh Djibril Kane »le Mali base d’une unité pour une OTAN à l’africaine

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Je publie mon article qui date de mars 2012 et qui portait sur la situation du Mali.La situation actuelle du Mali m’oblige à le publier encore pour ainsi apporter ma modeste contribution par rapport au débatŋ actuel.

Le Mali pays de l’Afrique de l’Ouest, indépendant depuis 1960 et membre de la CEDEAO,fut l’objet d’attaques, le 17 janvier 2012 par d’abord deux mouvements de lutte que sont les rebelles Touaregs du Mouvement National pour la Libération de l’Azawat (MNLA), et le Mouvement Salafiste d’Ansar Dine. Ces derniers, après leur victoire sur une armée malienne complètement démunie et dépourvue d’équipements et de méthodes de guerres efficaces , se verront renforcés par leurs frères d’esprit, du Mouvement d’Aqmi et du Mujao, pour ensemble former un état islamique dans la zone conquise.Ces mouvements fondementalistes arabo-touaregs qui se définissent, aujourd’hui, comme étant de « grands défenseurs » de l’islam, ont comme stratégie commune de lutte le « Jiahad ». Cette forme de guerre sainte, perpétuée au nom de l’islam, a pour but de faire régner la Charia comme loi d’organisation d’une société déterminée. Malheureusement pour eux, une telle propagande ne prospère pas, car l’islam demeure une religion de paix et de tolérance, en témoigne sa forme soufi qui nous enseigne de par son histoire que l’une des plus importantes guerres saintes enregistrée à son actif fut celle de Badr. Cette guerre qui a vu la participation même du prophète Mohamed (570-632) verra la victoire des musulmans sur leurs ennemis, et marqua ainsi l’implantation de ce dernier sur la terre d’Arabie et l’abolition aussi de cette forme de lutte et de conquête. A la place de la guerre sainte, la guerre contre les vices connue sous le nom « Jiahad Nafsi» est recommandée pour tout bon musulman d’après beaucoup de sources hadith. Cependant, malheureusement pour le peuple malien qui après tant de siècles d’histoire, allait être victime d’agressions de la part de ces soi-disant avocats et porte-drapeaux de l’islam. Ces fondamentalistes et « grands défenseurs » de la charia finissent de représenter aux yeux de beaucoup de musulmans, de vulgaires bandits de terroristes qui, à travers leurs comportements et actes posés, montrent le mépris et l’arrogance qu’ils ont nourrissent pour ce peuple du Mali. En effet, ce pays, en raison de son rôle historique symbolisé par le croisement de trois grands empires que sont le Ghana (sous le règne des Sarakolés au IV siècle), le Mali sous Sundjata Keita au XI siècle avec la mise en œuvre de la charte du Mandé et le Songhaï fondé par Sonni Ali Ber puis Askia Mohamed au XV siècle, en plus de son passé de terre d’ échanges et de métissages sociaux-culturels, symbolisés par l’architecture et les monuments historiques de Tombouctou devenus patrimoine mondial de L’UNESCO gage de la richesse de son passé, mérite aide et assistance afin que ce legs historique puisse être conservé pour eux d’abord, ensuite pour l’Afrique et enfin pour l’Humanité tout entière.Ce rappel historique m’amène à poser le débat de fond qui, à mon avis, devrait porter sur le positionnement et la participation de l’Afrique noire dans ce conflit. Je dis bien l’Afrique noire par rapport à une question qui la concerne et qui est matérialisée par l’élan de solidarité autour des pays africains par rapport aux pays du Maghreb qui, à mon avis, à travers leurs comportements ,discours et actes, ont fini de montrer leur rôle dans ce conflit.Les pays de la CEDEAO, malgré un comportement décevant, lié à leurs engagements et discours concernant l’avancée des terroristes et à une politique lente marquée par une absence de prise de décision commune, sont en train de reprendre le train de la marche historique pour avoir pris la décision salutaire et courageuse d’accompagner la France avec l’envoi de plus de 3000 soldats pour combattre les terroristes, pour le bonheur de tous les citoyens de la zone ouest africaine, voire même de l’Afrique noire.Aujourd’hui la marche du monde et la géopolitique actuelle voudraient que cette force africaine qui opère au Mali puisse constituer de levier de protection et d’anticipation pour résoudre les conflits qui peuvent intervenir dans les différents pays du continent. L’Union africaine peut saisir cette occasion pour qu’enfin une OTAN (organisation du traité de l’Atlantique Nord) à l’africaine puisse en découler. L’histoire évolutive voudrait que la logique interpelle enfin les dirigeants africains à s’armer davantage de courage et d’amour pour leurs peuples afin de sortir ce beau continent de l’incertitude où il est plongé, depuis des siècles.Voici l’Afrique en possession d’une belle occasion pour, cette fois-ci, faire l’Histoire afin de cesser de la subir.Quel que soit son nom ou bien l’appellation qu’on lui donnera, ce déploiement des forces africaines devrait jeter les bases d’une Afrique unie et sans barrières où l’Est, l’Ouest, le Nord et le Sud vont ensemble converger et œuvrer pour le développement intégral du continent. Un développement sectoriel ou bien étatique est à mon avis incompatible avec les réalités historiques. Ainsi interrogée, l’histoire permettrait aux leaders africains d’aller au-delà des frontières artificielles que Berlin sous Bismarck (1884-1885) avait tracées, et de retrouver les grands ensembles d’empires ou regroupements de peuples qui constituaient l’Afrique d’avant la colonisation. Jamais le Sénégal ne se fera sans la Gambie, jamais l’Ethiopie ne décollerra pas sans l’Erythrée, jamais le Maroc ne se développera sans l’Algérie. En outre, envisager l’économie et le développement d’une manière solidaire et communautaire peut constituer une garantie de paix et d’avancée pour la résolution des conflits et des crises en Afrique. Cette logique de pensée se rapproche de celle dégagée par l’éminent professeur Djibril Tamsir Niane qui dans le journal le Soleil du Mardi invitait les dirigeants africains à créer l’unité autour de la question malienne. Le Professeur Niane préconise une solution qui devrait impérativement passer par l’unité et une force de défense commune.

Cheikh Djibril Kane, historien-culturaliste

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